Tolérance ethnique

Quel est selon vous le sens du mot tolérance ?en quoi consiste la tolérance ?

Je vous renvoie au dictionnaire mais je voudrais reprendre ici la définition de l’UNESCO.

Selon l’UNESCO, la tolérance est le respect et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains.

Prenons d’abord la tolérance ethnique. Combien d’ethnies le Togo compte t-il ? vivons-nous en harmonie ? Les gens se marient-ils ? Je pense qu’on s’accepte au Togo et que notre situation est bien meilleure quand on considère ce qui se passe ailleurs. Toutefois, malgré le brassage et les alliances de tout genre, notre société est enracinée dans des préjugés presque immuables. On a un fort problème d’identité. Quand on va quelque part et qu’on se présente, la première question qui vous accueille, c’est tu es d’où ? Ensuite c’est, ta maman vient du même village ? On s’enferme dans des idées préconçues, et des croyances subjectives pour rater l’occasion d’apprécier la valeur, la qualité et la singularité de nos compatriotes.

Pourquoi l’origine, le village, le canton, la préfecture et la région doivent-ils primer sur la qualité du compatriote qui se trouve en face ? On catégorise très facilement et trop vite. On dirait qu’on a moulé les gens d’un lieu spécifique dans un comportement propre. Sinon comment expliquer les expressions du genre, tu agis comme les gens de là, le monde à l’envers !comment les gens de là aussi peuvent- ils occuper cette fonction ? Ces gens n’évoluent jamais, même quand ils sont riches, ils demeurent sauvages au naturel ? Il m’a toujours été dit que la nourriture à Kara est un casse-tête pour les gens du sud-Togo. Quand je devais m’y rendre pour la première fois, les gens m’ont conseillé de prendre mes dispositions pour faire ma cuisine moi-même durant mon séjour parce que, je cite, je ne pourrais jamais manger ces sauces puantes et indigestes. Pourtant, j’ai adoré la sauce kodoro et honnêtement, je trouve que c’est une légume parmi tant d’autres (adémè et gboma notamment). Quand nous disons, que les gens de là ne savent rien préparer, qui nous a décoré nous autres pour la palme d’art culinaire ? Soyons sérieux.

Dites-moi, quel est le prototype d’un vrai togolais ? Dans son célèbre discours je fais un rêve, Martin Luther King formulait le vœu de ne plus être jugé sur la base de sa race, mais sur sa qualité d’être humain, sur les critères de son éducation, de sa personnalité, de ses valeurs, etc. Ce qui définit avant tout un être humain, c’est réellement, sa manière d’être et de vivre ; et s’il est vrai que l’homme est le produit de sa culture, alors dites-moi, quelle est la meilleure culture ? Qui définit les critères de comparaison et sur quelle base ? Ne cherchez pas loin car Montesquieu nous donne la réponse. Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage.

L’ignorance est la cause principale de l’intolérance ethnique. C’est un pur accident existentiel que nous naissons dans telle famille et soyons de tel ou tel autre village. Mon papa ou ma maman aurait épousé quelqu’un d’autre, que moi je ne n’existerais pas, n’est-ce pas ? Ils auraient eu des enfants certes, mais ils ne m’auraient jamais connu. Au lieu de faire des mauvais procès, apprenons donc à connaître et nous comprendrons mieux la différence des autres.

Comprenons aussi que la diversité ethnique et culturelle de notre pays, loin d’être une menace, est une source inépuisable de richesse. Le monde on ne le dira jamais assez, serait vraiment monotone si on se ressemblait tous. Et s’il faut de tout pour faire un monde, il faut également de tous pour construire un Togo prospère et meilleur.