Pensée critique ou pensée unique?

Les échanges d’idées libres et ouverts font partie des indicateurs d’un système démocratique. Elles sont également les comportements personnels à  adopter par les citoyens pour prospérer en démocratie.

Nous réclamons  tous la protection de la liberté d’opinion, et d’expression par les pouvoirs publics mais nous citoyens ordinaires, portons atteinte à  ces mêmes droits par nos comportements inciviques. Nous avons souvent tendance à penser que notre raison est toujours la meilleure et que les autres doivent systématiquement s’aligner sur nos positions. Nous nous enfermons dans une sorte de coquille binaire : Si tu n’es pas dans ce camp, dans mon camp,  alors tu es nécessairement dans l’autre. Si tu raisonnes ainsi, c’est que tu es vendu. Si tu oses me critiquer, c’est que tu es jaloux, tu sers mon ennemi. De quel droit oses-tu me critiquer /dire que j’ai mal fait ou que j’aurai pu mieux faire ? Tu es qui pour me tenir de tels propos ? Tu sais qui je suis ?, tout le monde pense ainsi, il n’y a que toi qui ne veut pas te ressaisir. De quoi soufres-tu au juste ? Tout le monde me félicite, il n’y a que toi qui vois le mal partout, Etc…

 Or nous naissons tous libres et égaux et la liberté dans toute sa splendeur est un droit reconnu à chaque individu qui est ainsi  libre de penser, de dire et de faire les choix qu’il juge bons pour lui en toute liberté. Apprenons donc à admettre que l’on pense différemment, à accepter les critiques, à nous remettre en cause et à nous améliorer. Apprenons à cultiver le débat contradictoire dans la politesse et le respect de l’autre. Certes, il est normal que l’on soit parfois convaincu de sa vision et de son choix et que l’on demeure incompris par autrui alors même qu’on est sur la bonne voie. Les critiques dans ce cas sont non seulement acerbes mais aussi douloureux et insupportables. Toutefois, au lieu de chercher à réduire au silence, à salir et à insulter, et à ridiculiser, cherchons plutôt à assainir le débat ;  armons-nous d’arguments solides et défendons avec une élégance intellectuelle admirable nos actions et points de vue. Il faut surtout éviter de nous ériger en éclaireur unique et omniscient ou de nous considérer comme des pseudos autorités morales qui pourtant foulent au pied les principes qu’ils prescrivent à cor et à cri. C’est un lourd gouffre. Si nous-mêmes nous n’aimons pas tout le monde, pourquoi espérer que notre tête plaise au monde entier ? Si nous déployons toute notre énergie à critiquer les initiatives d’autrui, pourquoi nous étonner qu’il fasse pareil ?

Un bon citoyen, est celui-là même, qui promeut la paix et la tolérance. Le bon citoyen maitrise l’art du savoir-vivre.  Il incarne les valeurs élémentaires qui gouvernent une société organisée et cultive les bonnes manières. Alors, au lieu de vilipender ceux qui ne pensent pas comme nous, faisons l’effort d’apprendre à mener des débats libres, honorables et constructifs. Au lieu de jeter l’anathème sur ceux qui expriment une opinion contraire, apprenons à exprimer clairement nos idées et à persuader. Affrontons l’analyse.

 Acceptons de nous corriger et d’essayer quelque chose de différent et de nouveau.  C’est à ce prix que notre société démocratique en construction, avancera.