Tolérance sociale

Toujours à l’institut Martin Luther King de Kpalimé, la politologue Akoko BARRIGAH a déroulé le thème de la tolérance sociale.
Je me permets un petit détour, pour vous dire que je garde un très bon souvenir de cette école et de son directeur M. Etienne Dako. En effet, ce dernier fait preuve d’une audace remarquable et de vision. Tenez-vous bien, cette école dispose d’une bibliothèque assez fournie si on considère la taille de l’établissement et son environnement. Moi j’aime les livres; ils sont un véritable trésor et ce détail ne pouvait pas m’échapper. Je tire donc chapeau à M. Dako et à toute son équipe.
Revenons sur la tolérance sociale qui est très dense.

Je vais évoquer juste quelques cas, dont on ne parle pas souvent.
Prenons d’abord le cas des personnes handicapées. Quel regard portons-nous sur eux? Notre société assume t- elle ses responsabilités envers ces personnes? Prend-elle les dispositions pour garantir le respect de leurs droits et créé t- elle les conditions pour faciliter leur mobilité et leur intégration dans toutes les manifestations de la vie sociale? Ou alors, rajoutons-nous à leurs difficultés de par la stigmatisation et notre irresponsabilité? Pourquoi tous les bâtiments publics n’ont toujours pas de rampe par exemple? Pourquoi désigner les personnes handicapées de chose alors, qu’ils sont des êtres humains comme les personnes valides et que cette seule qualité fait d’eux les titulaires des droits humains ? L’article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, n’énonce t-il pas, que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité?

Il est temps de comprendre qu’il est de notre responsabilité collective de contribuer au mieux- être des personnes handicapées ; sinon, quelle serait notre dignité si nous refusons à une frange de notre population le bien-être ?

Ensuite, je veux parler des gauchers. Vous ne rêvez pas, j’ai bien écrit gaucher. Notre langage est assez révélateur du traitement que nous réservons aux gauchers dans notre société. Un individu est bizarre, on dit qu’il a une attitude gauche. Un apprenti ou un artisan a des difficultés d’apprentissage, c’est la faute à sa main gauche. On fait tout pour trouver une différence négative entre la façon dont les gauchers tiennent la spatule, le pilon… et celle des autres. On va jusqu’à dire que ce n’est pas fortuit si la main gauche est réservée pour déféquer et non pour manger. On est bien sûr loin, de l’époque où la main gauche était vue comme une malédiction, mais les moqueries sur les gauchers sont toujours d’actualité. Les élèves gauchers font au quotidien cette expérience surtout quand leur écriture est loin d’être vue comme belle. Ce sont l’ignorance et l’intolérance qui expliquent ces réactions, y compris celles de certains enseignants qui étiquettent systématiquement leurs élèves gauchers. Je suis tenté de citer des noms de gauchers d’exception dans le monde mais je me retiens. Vous pouvez mentionner ceux que vous connaissez dans les commentaires.

Enfin, prenons le cas des albinos. Par quel nom péjoratif les qualifions-nous dans nos langues vernaculaires ? Ceux qui sont largement en deçà de la taille moyenne, quel regard portons-nous sur eux ? Les personnes souffrant d’obésité, comment les traitons-nous ? Quand les filles pubères sont tachées en classe, pourquoi les taxer de pute ? Comment sifflons-nous les étudiantes à l’Université juste parce qu’elles osent prendre la parole en classe, et parce qu’elles ont le malheur de marcher dans l’Amphi comble ? On peut citer des dizaines de cas mais je m’arrête ici.

Je retiens qu’autrui m’intimide, il m’intrigue. C’est vrai, justement parce qu’il est différent et que je ne le connais pas. Je ne connais pas sa différence et je ne la comprends pas. Cependant, autrui n’est pas systématiquement mon ennemi. Non!

La qualité d’être humain qui nous unit, m’oblige à le traiter avec dignité et respect.